Trois articles d'un pionnier de la sociologie de l'immigration en France
5 stars
Recueil de trois articles d’Abdel Malek, pionnier des études sociologiques de l’immigration en France. Les articles datent des années 1980 et 1990 et tout en étant un brin vieilli, ou du moins situés historiquement, restent à mon avis pertinents à plusieurs égards.
Notamment parce que nombre des constats faits sur la complexité de la position entre deux cultures, ne correspondant ni n’étant acceptée par aucune d’entre elles et les effets sur les rapports familiaux intergénérationnels et intracommunautaire (communauté d’expérience) sont encore pertinents pour les familles qui continuent d’immigrés, quoique le contexte historique, institutionnel etc. ait changé. L’entretien de l’article du milieu est lumineux d’intelligence et de finesse sur les relations entre immigré·es et avec leurs enfants. À des années lumières des clichées racistes qui circulent sous les formes franchement hostiles ou paternalistes du racisme à la française. On voit le potentiel du simple fait de donner la parole à des …
Recueil de trois articles d’Abdel Malek, pionnier des études sociologiques de l’immigration en France. Les articles datent des années 1980 et 1990 et tout en étant un brin vieilli, ou du moins situés historiquement, restent à mon avis pertinents à plusieurs égards.
Notamment parce que nombre des constats faits sur la complexité de la position entre deux cultures, ne correspondant ni n’étant acceptée par aucune d’entre elles et les effets sur les rapports familiaux intergénérationnels et intracommunautaire (communauté d’expérience) sont encore pertinents pour les familles qui continuent d’immigrés, quoique le contexte historique, institutionnel etc. ait changé. L’entretien de l’article du milieu est lumineux d’intelligence et de finesse sur les relations entre immigré·es et avec leurs enfants. À des années lumières des clichées racistes qui circulent sous les formes franchement hostiles ou paternalistes du racisme à la française. On voit le potentiel du simple fait de donner la parole à des personnes concernées et de confier la recherche à des personnes concernées. Demeure un peu, en tout cas pour moi qui n’ai pas une position sociale similaire, une impression de voyeurisme dans le sens où cette incroyable expérience (à à peine une vingtaine d’année), cette lucidité partagée je n’ai rien à donner en échange, rien à faire autre que m’éduquer pour comprendre. Alors bien sûr cela oblige à tourner le regard vers soi : par quelles situations institutionnelles ont été marquées mes relations avec mes parents, mes proches, les personnes que j’ai coutoyées. L’un de mes parents étant une personne immigrée, mais non racisée et venant d’un pays dominant économiquement, j’ai néanmoins retrouvé certains malaise, certaines contradiction dans le fait d’être situé entre deux système de références. Le livre fait aussi réfléchir sur ce qui a changé ou non dans la situation, sur l’évolution de la figure des immigré·es et de leurs enfants (quelle que soit leur génération) en France.
Je m’attendais à un contenu plus systématisé, n’ayant pas vu qu’il s’agissait d’un recueil d’articles. Néanmoins les deuxièmes et troisième articles valent sont extrêmement riches. Le premier article, un article d’intervention politique et d’analyse, offre par ailleurs une fenêtre sur le mouvement des années 1980 et sur l’énorme gâchis qu’auront été les réponses des différentes gauches et institutions françaises. Bref, peut-être qu’un jour je lirai La double absence, un peu plus volumineux, et qui semble plus systématisé : www.seuil.com/ouvrage/la-double-absence-abdelmalek-sayad/9782757844311